Vanités

"Les images radiographiques, ici de têtes humaines, transpercent la barrière du corps et de ses chairs en emportant l’ombre de la réalité. C’est ce qu’elles nous montrent ; des fantômes et leurs secrets"

L’autre mythe

Ne trouves tu pas étrange tout ce temps passé à chercher l’image ?
La vera icône.
Tout ce temps passé à espérer que nos rêves et nos désirs affleurent sur un linceul…

Aujourd’hui l’universalité de nos fantômes sans âges apparait, ici, dans le cadre de tes miroirs blancs et noirs. Tous viennent témoigner de la lente corruption des choses, de l’apparition comme de la disparition. Et de la réapparition.

Cette délicieuse promenade dans ta galerie de portraits est autant de références au geste pictural, n’est ce pas ?
Quel sordide sentiment nous anime lorsque nous arpentons les belles salles de grands musées ouatées et léchées ?

Puisque la question que nous nous posons tous est bien la suivante : « mais que sont ils devenus tous ces modèles souriants, sédimentés, engoncés dans leur lourds habits de velours ? Tous ces vivants, que sont-ils maintenant que je les regarde ? Ombre, poussière ? Passé cet instant où le peintre fixait dans un cadre et pour l’éternité l’éclat de leurs yeux, la force de leur souffle vivant mais déjà pourrissant… aujourd’hui, qui sont-ils ? »

Ce sont eux, Marguerite, François, Charles...

La démarche est cruelle, ils me reviennent tous, ceux que je cherche depuis si longtemps.
Ils me reviennent dépourvus des fards mensongers du vivant. Ils me reviennent revenants charmants, Cadavres exquis.

Ils me murmurent comme il faut s’émerveiller des mondes, toujours menacés par la perte.
À moins qu’il ne s’agisse de fragments illustrant la vacuité d’une existence en proie à la puissance si paradoxale et dévorante des insectes ?
Va savoir.
La vanité, la vacuité.

Céline Cauchois

Crédits photo : © Andres Quilaguy